Hugues Rialan, Banque Robeco
Devant le foisonnement des interrogations et des doutes sur le devenir de la croissance mondiale ainsi que la capacité des Etats développés à se sortir de la nasse de l'endettement public, se livrer aujourd'hui au jeu du question/réponse sur la stratégie d'investissement à mener sur les marchés financiers n'est pas une sinécure. Mais Hugues Rialan, directeur de la gestion financière de Banque Robeco, a accepté pour Sicavonline de se prêter à l'exercice sans langue de bois.
A priori, il est aujourd'hui plus simple d'avoir sur le moyen terme que sur les six prochains mois une vision de l'économie et de ses conséquences boursières.
Non, car en l'occurrence, la bourse en Europe pourrait être un mauvais investissement à long terme mais pas forcément à court terme ! La raison en est qu'après la baisse les niveaux de valorisation me paraissent assez sympathiques (sic), surtout si le scénario du double dip, le célèbre « double creux » qui est aujourd'hui sur toutes les lèvres, ne se matérialise pas.
Si nous considérons les choses à moyen terme, même si le double dip est évité, l'Europe devrait rester l'épicentre de difficultés qui pourraient encore s'aggraver. Durant plusieurs années, l'environnement a donc de fortes chances d'être passablement gris sur le Vieux Continent. Cependant, n'imaginons pas que les marchés vont rester atones. Leurs oscillations seront sans doute assez amples. En effet, les investisseurs vont être, selon moi, écartelés entre d'une part l'attrait que représentent les performances plutôt positives de sociétés, pas franchement survalorisées, qui ne s'en sortent pas trop mal grâce aux pays émergents dans lesquels elles ont beaucoup investi, et d'autre part la prudence et la peur qu'inspireront périodiquement et pendant encore longtemps le système financier et les conditions macro-économiques -car nous ne sortirons de cette crise ni en un, ni en deux, ni en trois ans.
Oui , car il faut bien se mettre en tête que toutes les boussoles habituelles ont été déréglées avec cette crise. Nous sommes face à une situation exceptionnelle. Et les repères et habitudes passés ne sont plus de mise. Voilà pourquoi je ne suis pas convaincu que les actions lors des trois ou quatre prochaines années constituent un placement « phénoménalement» attrayant. A long terme en revanche, le potentiel est sans doute là.
Je vous rétorquerai que c'est vrai pour ceux qui ont acheté de la technologie en 1999. A contrario, ce fut beaucoup plus lucratif pour ceux qui ont acheté des émergents en 1999. Bref, tout cela démontre que l'on ne peut pas acheter aveuglément sur le long terme. Il faut savoir ce que l'on achète, pourquoi on l'achète, et à quel cours on l'achète. Ce n'est qu'une fois cette réflexion menée que le long terme peut être payant.
« Avec 30 % d'augmentation de bénéfices par an, la bourse va avoir du mal à faire durablement -25 %. A moins que ne survienne l'Armageddon du « double creux » et qu'il s'accompagne d'une révision à la baisse drastique des bénéfices prévus. Nous n'y sommes pas encore. »
Les émergents, naturellement. Mais à court terme, ce n'est pas un pari que je prendrais tout simplement parce que le consensus est uniformément positif sur les émergents. Tout le monde en veut, tout le monde en a. Les émergents sont sur-pondérés dans les portefeuilles. Trop, c'est trop. Une telle unanimité est généralement de mauvais augure. Pour jouer les émergents aujourd'hui, selon moi, le plus prudent et le plus intéressant est de se placer sur les devises ou sur les obligations. Le rendement typique d'un portefeuille obligataire de pays émergents est en ce moment de 6 à 7 %. Ce n'est pas si mal. Et si ce portefeuille est en devises locales, et que celles-ci s'apprécient, ce qui parait bien parti depuis que la Chine a décidé de redonner plus de souplesse à son système de change, s'ajouteront à la performance 1 % ou 2 % supplémentaires. Dans l'environnement actuel obtenir un rendement de 8 à 9% me paraît plutôt sympathique. Sans compter que la volatilité d'un portefeuille obligataire est sans commune mesure avec celle d'un portefeuille actions.
Aujourd'hui encore, les analystes financiers anticipent en Europe en moyenne 30 % de croissance des bénéfices au titre de 2010 et 20 % en 2011. Nous sommes à la moitié de l'année, et l'on n'a pas vu du côté des entreprises et dans le discours de leur management d'éléments pouvant infléchir ces prévisions. Les progressions attendues des bénéfices et la valorisation assez faible des sociétés constituent des forces de rappel importantes sur les marchés actions européens. Avec 30 % d'augmentation de bénéfices par an, la bourse va avoir du mal à faire durablement -25 %. A moins que ne survienne l'Armageddon du « double creux » et qu'il s'accompagne d'une révision à la baisse drastique des bénéfices prévus. Nous n'y sommes pas encore.
Il est compliqué de se positionner sur des obligations européennes le cœur léger. Le Bund allemand (NDLR : l'obligation d'Etat à 10 ans de la République Fédérale) a été très recherché ces derniers mois par les investisseurs. Conséquence, il ne rapportait le 30 juin que du 2,6 %. Autant dire qu'il ne rapporte pratiquement plus rien. Si la déflation ne survient pas, l'investisseur n'est clairement pas payé pour le risque significatif de correction auquel il s'expose. En revanche, si la déflation est bel et bien au rendez-vous, les 2,6 % du Bund auront une toute autre saveur.
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