Les récoltes en 2010 ont été excessivement mauvaises du fait d'une conjonction d'événements climatiques défavorables rarement vue. La production de matières premières agricoles a été sévèrement perturbée par les inondations au Pakistan et en Australie, la sécheresse qui a touché la Russie, ou bien encore les pluies exceptionnelles qui ont abîmé les récoltes au Canada. Bref, tout s'est conjugué pour que nous ayons une production très mauvaise.
Effectivement, d'ordinaire quand une mauvaise récolte se produit, on dispose en général de stocks de sécurité dans lesquels on puise pour faire face à la demande, et puis, l'année suivante, les récoltes sont souvent meilleures et les surplus dégagés permettent de reconstituer les stocks, et s'enclenche alors un nouveau cycle. Mais aujourd'hui, la demande de matières premières agricoles s'est tellement accrue que la marge entre cette même demande et l'offre est devenue relativement faible, si bien qu'une seule bonne année de production agricole ne permettra pas de reconstituer les stocks. Et c'est particulièrement vrai pour le maïs, qui est la céréale qui connaît actuellement la situation la plus critique. Les chiffres publiés le 31 mars dernier par le Département américain de l'Agriculture ont montré que les stocks étaient non seulement plus bas que prévu mais baissaient aussi plus vite que ce qui était anticipé, et les investisseurs ont du coup pris conscience que même avec une récolte exceptionnelle dans l'hémisphère nord en 2011, le niveau des stocks de maïs ne redeviendra pas confortable avant deux ou trois années consécutives de récoltes satisfaisantes. Ce qui nous laisse à la merci du moindre incident. Au vu de cette situation, l'antienne du marché n'est plus « on a besoin d'une bonne récolte de maïs pour compenser 2010 » mais « une bonne récolte est indispensable pour éviter que la situation ne s'aggrave ». D'où les tensions sur les prix du maïs ces toutes dernières semaines.
Non, au contraire. Le maïs qui est pour une grande part dédié à la consommation animale profite du redémarrage de la consommation de bœuf avec la reprise économique dans les pays développés -le bœuf est en effet le poste alimentaire le plus cyclique car les ménages se rabattent sur les viandes moins chères (le porc, la volaille) quand les temps sont durs. Par ailleurs, la demande de maïs est, comme celle des autres matières premières agricoles, dans une phase de croissance structurelle dans les pays émergents et la Chine qui jusqu'ici était auto-suffisante en maïs s'est mise à en importer un peu en 2010. La question que se posent tous les intervenants est de savoir si la Chine n'a eu, comme tant d'autres, qu'une mauvaise année ou si elle arrive à la fin de son autosuffisance et se transforme en importateur net de maïs ? L'enjeu est de taille car quand elle se positionne en tant qu'importateur sur un marché, l'impact est significatif. Nous serions dans une situation de tension extrême si la République populaire de Chine devait représenter ne serait-ce que 5 ou 10 % des échanges sur le marché international du maïs. Quoi qu'il en soit la montée de la demande de maïs fait que, même les Etats-Unis, qui étaient perçus jusqu'ici comme l'Arabie Saoudite des céréales, autrement dit un pays capable d'augmenter à volonté sa production pour compenser les déficits de production des autres pays, ne sont plus à eux seuls en mesure de compenser les déficits d'offre des autres producteurs. Dans ces conditions, il nous est vraiment difficile d'envisager sous peu une correction significative des prix du maïs. Propos recueillis par Vincent Bezault
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