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Une dette publique égale à 100% du PIB en 2014 : va-t-on dans le mur ?

04/07/2013 - 12:41 - Sicavonline (mis à jour le : 12/07/2013 - 10:46)


Une dette publique égale à 100% du PIB en 2014 : va-t-on dans le mur ?

Le ratio dette publique/PIB atteindra-t-il 100% en 2014 ? Pour Marc Touati, Président et fondateur du cabinet de conseil économique et financier ACDEFI, cela n'a jamais fait l'ombre d'un doute et encore moins aujourd'hui puisque l'INSEE a récemment confirmé le dérapage de la dette publique à 91,7% du PIB (1870,3 milliards d'euros). Mais quel est l'enjeu pour la croissance et les investisseurs ?

La dette publique française représente désormais 91,7% du PIB, soit 1870,3 milliards d'euros. Est-ce que la France peut éviter de dépasser les 100 % de dette/ PIB en 2014 ou est-ce illusoire ? Marc Touati: C'est malheureusement inévitable. En effet, la flambée récente de la dette publique (+ 10,4 points de PIB en trois ans et + 27,5 points depuis début 2008, soit une progression totale de 658,7 milliards d'euros) a été enregistrée en dépit de taux d'intérêt des obligations d'Etat anormalement bas. Cela signifie qu'à présent que les taux remontent et surtout lorsqu'ils vont se tendre fortement d'ici l'automne prochain, la dette progressera encore plus vite. Et, ce d'autant que le déficit public va encore être alourdi par la poursuite de la récession. Sur l'ensemble de l'année 2013, celui-ci devrait au moins atteindre 4,5 % du PIB. D'ici la fin 2013, le ratio dette publique / PIB devrait donc avoisiner les 97 %. Quant à 2014, conformément à la prévision que nous avons établie il y a déjà deux ans, la dette publique française atteindra bien le niveau impressionnant de 100 % du PIB. Une première depuis la seconde guerre mondiale. Quelles dépenses l'Etat devrait-il limiter en priorité afin d'éviter que les déficits ne se creusent et que la dette n'augmente ? Il faut d'abord réduire les dépenses de fonctionnement de toute la puissance publique qui ont augmenté de 10 milliards d'euros par an depuis dix ans, soit un total de 100 milliards d'euros. L'an passé, alors que le ministre du budget avait annoncé une stagnation de ces dépenses, elles ont finalement progressé de 9,4 milliards d'euros. C'est inadmissible. On ne peut pas demander aux Français de se serrer la ceinture alors que les dépenses pour entretenir le « Mammouth » de la puissance publique augmente de 10 milliards d'euros par an. Il faudra aussi fusionner les régions et les départements, supprimer des strates de dépenses publiques et bien sûr améliorer le fonctionnement des administrations sociales et locales. Ce n'est pas simplement de moins d'Etat dont la France a besoin, mais de « mieux d'Etat ». Certains avancent que la réduction des dépenses publiques est peut-être nécessaire mais que ce n'est pas l'essentiel. Qu'en pensez-vous ? C'est non seulement essentiel, mais c'est surtout la seule solution. En effet, le gouvernement laisse croire qu'en augmentant les impôts, il va réussir à réduire les déficits publics. Erreur fatale. En effet, en aggravant une pression fiscale qui, rappelons-le, est déjà l'une des plus élevées du monde (plus de 46 % du PIB), les pouvoirs publics vont mécaniquement aggraver la récession. Ce qui va, à son tour, alimenter la flambée du chômage. D'où une réduction de l'assiette fiscale. Cela signifie que l'Etat va ponctionner plus mais sur un gâteau plus petit. Au total, les recettes fiscales seront donc bien inférieures à celles anticipées par le gouvernement. D'où, une augmentation des déficits publics et de la dette. Si l'on veut sortir de cette spirale infernale, il n'y a donc qu'une solution : restaurer la croissance, notamment grâce à un euro normal (1,15 dollar pour un euro) et à une réduction des impôts, tant pour les entreprises que pour les ménages. Dans le même temps, il faudra réduire les dépenses de fonctionnement comme évoqué précédemment. Imaginons que le ratio dette/PIB atteigne prochainement les 100 %, est-ce vraiment un drame puisque des pays tels que les Etats-Unis et le Japon ont franchi ce seuil symbolique depuis bien longtemps, et ne paraissent pas pour autant proche d'une faillite ? Certes, il faut reconnaître que le ratio dette publique/PIB n'est que le rapport entre un stock de dettes et un flux de revenus. Or, comparer un stock à un flux a peu de sens économique. Si la dette n'était pas supérieure au revenu, il ne servirait à rien de s'endetter. Autrement dit, la dette n'est pas un drame, elle est au contraire un vecteur d'investissement, de développement et de croissance. Seulement voilà, si cette dernière n'est pas au rendez-vous, alors la dette devient non seulement inutile, mais surtout dangereuse. C'est pourquoi le véritable enjeu réside dans le comparatif entre le flux de paiement des intérêts de la dette publique et le flux de croissance économique. Si le second est supérieur au premier, la dette est acceptable, ou du moins soutenable. Ainsi, de ce point de vue, en dépit d'un ratio dette publique/PIB de 100 % depuis 2011, les États-Unis sont par exemple toujours loin de la faillite. Bien loin de ce chemin, la France ne parvient plus à générer une croissance économique supérieure à la charge d'intérêts de sa dette publique. C'est en cela que son entrée prochaine dans le club très peu envié des pays endettés à plus de 100 % est un véritable danger pour l'avenir de l'économie et de la société française. Dans la zone euro, il n'existe que quatre pays de ce type : la Grèce, l'Italie, le Portugal et l'Irlande qui affichent des ratios de respectivement 180 %, 130 %, 123 % et 120 % (estimations optimistes pour 2013). Après vingt ans passés dans ce petit cercle des mauvais élèves, la Belgique en est sortie depuis 2003, même si elle flirte de nouveau avec la barre des 100 %, à 99 % en 2012 et 2013. Au niveau des pays de l'OCDE, ce « cercle des 100 % » s'élargit légèrement avec trois autres pays : bien sûr le Japon, champion toutes catégories, avec environ 240 % (mais comme 98 % de la dette nippone est détenue par des Japonais, ça passe encore), les États-Unis (105 %) et Singapour (104 %). Enfin, au niveau du reste du monde, six autres pays (du moins parmi ceux recensés par le FMI) se joignent à la fête : Les îles Saint Kitts and Nevis (145 %), la Jamaïque (143 %), le Liban (135 %), Erythrée (125 %), le Soudan (112 %) et Grenade (105 %). Si la France fait donc partie des lanternes rouges de la croissance mondiale, elle pourra se consoler en intégrant le « club des 100 % » qui ne comptait jusqu'à présent que treize membres. On se console comme on peut... Vous prédisiez une remontée des taux d'intérêt de la France en fin d'année. Pour le moment, on ne voit rien venir. Demeurez-vous convaincu que cette hypothèse deviendra réalité ? On ne voit rien venir ? Là vous exagérez. Le taux d'intérêt des obligations de l'Etat français à dix ans est passé d'un plus bas de 1,7 % début mai à environ 2,3 % actuellement. Et cela ne fait que commencer. En effet, d'ici septembre prochain, le gouvernement français va devoir admettre l'évidence : le ratio déficit public / PIB ne sera pas de 3,7 % en 2013 mais d'environ 4,5 %. Dès lors, si rien ne change au niveau de la politique gouvernementale, les investisseurs étrangers, qui, ne l'oublions pas, détiennent près de 70 % de la dette publique française, risquent de se montrer réticents à acheter des obligations du Trésor. De quoi susciter une nouvelle augmentation des taux à dix ans, peut-être même jusqu'à 4 %. C'est alors qu'un nouveau cercle pernicieux pourrait s'engager, via une baisse de l'investissement et de l'emploi, d'où une aggravation de la récession, des déficits publics et de la dette, ce qui suscitera une nouvelle tension sur les taux longs... Peut-on voir les taux français exploser comme ce fut le cas en Grèce, en Italie et en Espagne et croyez-vous que le cas français puisse de nouveau raviver la crise en zone euro dans les mois qui viennent ? Comme en Grèce, cela paraît très peu probable. En revanche, des taux dix ans à 5 % dans l'Hexagone sont tout à fait envisageables. Ce qui aviverait le cercle vicieux que nous venons d'évoquer. Il faut malheureusement être clair : si une crise grave et durable de crédibilité s'impose en France, la zone euro n'y survivra pas. Sauf si François Hollande se décide alors à faire un virage à 180 degrés et à devenir le Schröder français. Sinon, il faut se préparer à une situation dramatique. Quels conseils donneriez-vous aux investisseurs dans l'environnement actuel ? Il faut rester très prudent. Il faut se délester de ses obligations d'Etat, car les taux vont fortement remonter. Sur les marchés actions, il y a encore de belles affaires à réaliser mais en pratiquant la stratégie des « montagnes russes », donc des allers-retours très réguliers. On peut également investir dans des obligations corporates (sur des belles entreprises qui réalisent la majorité de leurs profits à l'international) à deux ou trois ans. Enfin, on peut aussi « se faire plaisir », en consommant et/ou en investissant dans sa propre entreprise. Au moins, on sait où va notre argent. Marc Touati Président du cabinet ACDEFI et auteur du best-seller « Le dictionnaire terrifiant de la dette »

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