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La BCE a-t-elle vraiment éteint l'incendie portugais ?

04/07/2013 - 19:50 - Sicavonline


La BCE a-t-elle vraiment éteint l'incendie portugais ?

La BCE et Draghi ont-ils vraiement éteint l'incendie portugais ?

Le Portugal rappelle aux investisseurs que la zone euro n'est toujours pas sereine. Faut-il craindre une redite du krach de 2011 sur les marchés boursiers ? La BCE dispose-t-elle d'un arsenal adapté pour contenir une nouvelle crise des dettes souveraines ? Quel comportement avoir en bourse ? L'analyse de deux professionnels, Rémi Lelu de Brach, Gérant Monétaire chez Quilvest Gestion, et Fabrice Cousté, DG de CMC Markets France.

Alors que la crise politique portugaise a ravivé les tensions sur les marchés obligataires, la conférence de presse de Mario Draghi dans la foulée du conseil des gouverneurs de la BCE a de prime abord séduit les investisseurs. Le CAC 40 a clôturé sur une envolée de 2,90 % à 3809 points jeudi 4 juillet après que le président de la Banque Centrale Européenne a indiqué que cette dernière maintiendrait ses taux bas pendant une période de temps étendue. Néanmoins, « Super Mario » a-t-il totalement étouffé le feu qui couve ? Nous avons demandé leur impression à Rémi Lelu de Brach, Gérant Monétaire chez Quilvest Gestion, et Fabrice Cousté, DG de CMC Markets France.

Les regains de tensions sur les marchés obligataires provoqués par la crise politique au Portugal sont-ils, selon vous, de nature à refaire basculer les marchés dans une réplique du krach de l'été 2011 (le CAC 40 avait perdu 31 % entre le 1er juillet et le 22 septembre) ?

Rémi Lelu de Brach : La crise politique actuelle au Portugal est une des conséquences de la crise profonde que traverse ce pays. En effet, le Portugal a été un élève exemplaire de la Troïka (NDLR : FMI, BCE, Commission européenne). Il a suivi tous les plans d'austérité qui lui étaient demandés et il se retrouve aujourd'hui dans l'impasse. Sa dette n'a pas reflué, au contraire elle continue d'exploser avec une dette qui atteignait 120% du PIB fin 2012 et un déficit public attendu à -5.5% en 2013. Cette démission pourrait toutefois servir d'alerte et le marché pourrait réaliser que le Portugal ne remboursera pas sa dette. Durant l'été, la liquidité devrait être très faible sur la dette portugaise. L'Europe sera paralysée dans l'attente des élections allemandes. La BCE devra faire face à ses dissensions internes. Par ailleurs, la situation Irlandaise ou grecque n'est guère plus reluisante. Si la nouvelle position bien plus présente de la Banque Centrale Européenne devrait permettre de limiter la casse, il est difficile d'envisager un marché haussier pour l'été. Fabrice Cousté : Non. Le risque systémique a été circonscrit avec la présence de Mario Draghi qui s'est érigé en défenseur de l'euro depuis Juillet 2012. Sa phrase célèbre : « nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour sauver l'euro » (« whatever it takes to save the euro») a apaisé les marchés.

La BCE dispose-t-elle des moyens de contenir la crise ?

Rémi Lelu de Brach : Potentiellement, oui. En effet, la BCE s'est dotée d'un outil l'OMT qui lui permet d'acheter de manière illimitée de la dette sur le marché secondaire. Cependant, cet OMT est soumis à deux conditions très fortes. D'abord que le MES (Mécanisme Européen de Stabilité) accepte de venir en aide au pays concerné. Ensuite, que le pays en question ait accès au marché. La première condition est pour l'instant bloquée car la cour constitutionnelle allemande doit valider à nouveau le mécanisme de l'OMT et que cette validation n'arrivera pas avant les élections allemandes fin septembre. Ensuite, l'accès au marché du Portugal reste très limité et sa dette est très peu liquide. En théorie, la BCE peut donc agir. Si elle veut changer les statuts de l'OMT, elle peut. Si elle veut considérer que le Portugal a accès au marché, elle peut. Le problème c'est qu'elle doit parvenir à un compromis entre les différents banquier centraux des différents pays. On sait que les banquiers centraux allemands restent très frileux dès qu'il s'agit de mutualiser les dettes et tenteront tout pour bloquer un tel processus. Ceci va ralentir le processus de décision de la Banque Centrale. Malheureusement, si le Portugal est au bord de la faillite, il faudra agir vite. Néanmoins, rappelons que si la Banque Centrale Européenne peut faire beaucoup (et elle l'a déjà montré), elle ne peut travailler que sur la liquidité des pays. En revanche, la hausse de l'endettement des états, conséquence de la faiblesse de la croissance et des politiques d'austérité, ne peut réellement être combattue par la BCE. A long terme, une solution à la crise souveraine passera donc nécessairement par une coopération européenne globale, ou des processus douloureux de restructuration des dettes « PIGS » (NDLR : Les PIGS sont le Portugal, l'Irlande, la Grèce et l'Espagne). Fabrice Cousté : On ne peut pas parler de crise mais plutôt de crises à répétition ou plutôt de résurgence de crise au fur et à mesure qu'on s'apercevra que la cure d'austérité drastique mise en place dans les différents pays périphériques n'est pas soutenable. La même séquence risque donc de s'enchaîner : remontée des taux souverains, baisses des indices sur fond de chute des valeurs bancaires, soutien de la BCE et retour au calme...jusqu'au prochain épisode. C'est en tout cas la BCE qui jouera le rôle de prêteur en dernier ressort grâce au programme OMT qu'elle se garde bien de dévoiler

Etes-vous rassuré par les propos de Mario Draghi à l'issue du conseil des gouverneurs de la BCE de ce jeudi 4 juillet ?

Rémi Lelu de Brach : Je suis mitigé. Son discours d'aujourd'hui constitue un changement majeur. En effet, pour la première fois, la BCE s'engage sur un niveau de taux futurs. Pourtant, même avec des taux à 0 voire négatifs, la politique monétaire actuelle est impuissante face au problème de solvabilité auxquels sont confrontés le Portugal, la Grèce et l'Irlande. Par ailleurs, alors que la BCE espérait une reprise de la croissance, cet engagement sur des taux bas durable laisse supposer que ces espoirs ne sont plus vraiment réalistes. Par ailleurs, personne n'envisageait une hausse des taux de la BCE à moyen terme. Ainsi cette nouvelle attitude crédibilise la BCE et contient l'Euro, mais n'apporte pas une réponse particulière au stress actuel des marchés. Fabrice Cousté : Mario Draghi s'est montré très rassurant : la BCE va conserver une politique ultra accomodante pour un temps non défini. On est exactement à l'opposé de ce qu'a fait Bernanke le mois dernier en laissant entendre que les liquidités abondantes allaient bientôt se tarir.

Quelle attitude préconisez-vous aux investisseurs d'adopter sur les marchés boursiers ?

Rémi Lelu de Brach : Rester à l'écart des titres bancaires pour éviter les risques de contagion liés à la crise souveraine : il est impossible de ne pas envisager une restructuration portugaise, irlandaise ou grecque, alors même que les banques restent fébriles. De manière générale, une attitude prudente en attendant les élections allemandes nous semble souhaitable. Fabrice Cousté : L'été sera volatil. Il est donc important de protéger son portefeuille grâce à des ordres automatiques de vente ou bien de le 'couvrir' avec des produits dérivés tels que les CFD.

© Synapse. Les contenus (vidéos, articles) produits par Synapse font appel à des journalistes professionnels. Ils ne constituent pas des conseils en investissement ou des recommandations personnalisées. Le diffuseur n'a participé ni à l'élaboration de ce contenu ni à la sélection des valeurs/fonds mentionnés. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. L'investissement sur les marchés comporte un risque de perte en capital et aucune garantie de gain ne peut être octroyée.



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