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Le défi américain

18/12/2015 - 09:50 - Sicavonline - Stéphanie Villers, économiste chez Humanis


Le défi américain

"Inflation faible et plein-emploi, le défi américain", une analyse de Stéphanie Villers, économiste du groupe Humanis.

Les Etats-Unis font face à une situation inédite avec un taux de chômage proche du plein-emploi et une inflation extrêmement faible. Une nouvelle page américaine s'ouvre défiant la politique monétaire de la Banque Centrale. Une analyse de Stéphanie Villers, Chef économiste du Groupe Humanis.

L'année 2015 s'achève sur une note inquiétante. Economiquement, pourtant, l'occident se porte plutôt bien. Les Etats-Unis affichent une activité robuste et la zone euro renoue avec la croissance. Les crises financières semblent être derrière nous. Mais, nous sommes entrés dans une ère sans inflation, avec un prix du pétrole qui laisse bon nombre de pays producteurs exsangues. La sphère réelle pâtit du contre-choc pétrolier, qui même s'il est transitoire, semble avoir des effets persistants sur l'inflation globale.

Ainsi, l'indice général des prix à la consommation aux Etats-Unis n'a progressé que de 0,5% en novembre sur un an, alors que la croissance du PIB atteindra vraisemblablement 2,5% cette année. La banque centrale américaine (la Réserve fédérale, Fed) fait face à un nouveau défi à l'aube de l'année 2016 avec la persistance d'une inflation faible et d'un chômage de plein-emploi.

Le défi américain

 

La courbe de Phillips, une nouvelle fois chahutée

La courbe de Phillips avait, pourtant, mis en évidence une relation inverse entre le taux de chômage et la croissance des salaires nominaux. Ainsi, les salaires et donc par effet ricochet l'inflation, avaient tendance à augmenter quand le taux de chômage baissait. Pourquoi ?  Du fait de la difficulté pour les entreprises à recruter en situation de plein-emploi. Pour attirer de nouveaux talents, restaient alors aux recruteurs une seule solution, celle d'augmenter en conséquence les rémunérations proposées, ce qui mécaniquement augmentait l'inflation.

Cette théorie keynésienne, avait, pour autant, été déjà mise à mal à partir des années 70 lorsque les deux chocs pétroliers avaient déclenché une inflation galopante et laissé, sur le bas-côté, bon nombre de salariés. Les gouvernements, à cette époque, ne pouvaient plus arbitrer entre inflation et chômage et subissaient de plein fouet ce qu'on a appelé, la stagflation, c'est-à-dire une croissance économique faible avec des prix en forte hausse accompagnées d'un taux de chômage élevé.   

Aujourd'hui, la situation s'est inversée et contredit de nouveau cette interprétation de la courbe de Phillips. Le chômage aux Etats-Unis a atteint, en novembre, un point bas à 5% de la population active sans pour autant déclencher une accélération du rythme de progression salariale. Avec une hausse de 2,3% sur un an, l'augmentation des salaires reste faible avec un partage de la valeur ajoutée qui se fait au profit des entreprises.

Les QE,  leur excès, leurs contraintes

L'inflation n'a pourtant pas totalement disparu, elle s'est ancrée sur les marchés des actions. Les vastes programmes d'assouplissement monétaires menés aux Etats-Unis qui ont permis à la Fed d'injecter plus de 3500 milliards de dollars sur les marchés financiers ont généré un surplus de liquidité qui a largement profité aux bourses américaines. Ainsi, depuis 2009, l'indice boursier S&P 500 a vu sa valeur triplée. Cet effet de richesse a profité aux classes les plus aisées et a accentué le creusement des inégalités. La reprise économique s'opérait en maintenant la modération salariale. Par ailleurs, depuis la crise des subprimes, nombreux sont les ménages américains à avoir été tenus à l'écart du crédit alors qu'auparavant ils avaient recours à l'emprunt pour placer une partie de leurs avoirs en bourse.

Les ménages américains ont donc cherché à compenser cette répartition inégale des richesses en diversifiant leurs sources de revenu grâce aux diverses opportunités offertes par les nouvelles technologies numériques et le développement de l'économie participative. Le consommateur américain a ainsi tenté d'optimiser sa situation financière en maximisant l'utilité des biens en sa possession sous la contrainte de sa rémunération. En d'autres termes, il a obtenu de nouveaux revenus en cherchant à fructifier, par exemple, son logement (en l'échangeant, le louant, le partageant) ou bien en mettant à disposition ses biens de consommation durable (par exemple sa voiture, son garage, ou encore ses produits électroménagers et de bricolage). 

Ces nouvelles sources de revenu n'ont pas créé de surenchère sur les prix, l'idée étant bien le partage. Elles n'apparaissent pas, non plus, dans les recettes fiscales puisqu'elles restent, pour le moment, souterraines. Pour autant, ce supplément de rémunération a permis de maintenir les dépenses des ménages américains à un niveau robuste et donc d'assurer une croissance honorable étant donné que celle-ci est générée au deux tiers par la consommation privée.

La Banque centrale américaine fait donc face à un triple défi. Sa politique monétaire ultra-accommodante, menée jusqu'à aujourd'hui, a créé de l'inflation qui n'a pas su se diffuser dans l'économie réelle. L'indice générale des prix, de son côté, a été comprimée à la fois par la chute du cours du pétrole et par le développement de l'économie participative. L'évolution du prix du pétrole restera, ainsi, l'enjeu majeur pour la Fed, qui devra démontrer à partir de 2016 l'efficacité de sa nouvelle politique monétaire dans un environnement qui défie l'apport de la théorie économique moderne.

Stéphanie Villers

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