Équilibriste (Fidelity International)

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C'est un véritable numéro d'équilibriste auquel s'est livré Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne, lors de sa dernière conférence de presse. Le « dottore » italien a voulu calmer et rassurer les marchés, en évitant tout malentendu. « Nous devons être tenaces, patients et prudents parce que nous n'y sommes pas encore », a- t- il martelé. Et d'ajouter : « L'inflation n'est pas où nous voulons qu'elle soit, et là où elle devrait être. » En juin, elle est ressortie à 1,3 %, après 1,4 % en mai, et reste bien en-dessous de l'objectif de 2 %. Dès lors, le taux directeur est resté inchangé à 0 % - le taux de dépôt à -0,4 % -, et le QE n'a pas été modifié et ne diminuera pas avant le début 2018. Sur ce point, Mario Draghi a indiqué que les modalités du QE devraient être discutées à l'automne. La BCE se réservant le droit de l'augmenter ou de le prolonger si besoin. Une question que ne se pose pas la Banque du Japon (BoJ). Empêtrée depuis des décennies dans la déflation, l'économie japonaise peine à en sortir et à atteindre son objectif d'inflation de 2 % et ce, malgré un programme de rachat d'actifs colossal lancé en 2013. Une politique monétaire ultra-accommodante qui n'est pas près de s'arrêter puisque la BoJ a encore abaissé ses prévisions d'inflation à 1,1 % d'ici mars 2018, contre 1,4 % auparavant.

Si les effets de la politique monétaire de la BCE se font toujours attendre sur le front de l'inflation, l'ambiguïté de la communication de Mario Draghi profite à l'euro dont la poussée de fièvre ne semble pas émouvoir l'institution. Ainsi, la monnaie unique a poursuivi sa progression, cassant la barre psychologique de 1,15 dollar, pour atteindre un plus haut à 1,1680 dollar, soit son niveau le plus fort depuis le 14 janvier 2015. Un mouvement également observé face aux grandes devises. Certains spécialistes se demandent alors si les récentes fluctuations des taux de change n'auraient pas d'impact déflationniste en réduisant, notamment, le coût des importations. Un sujet sur lequel Mario Draghi est resté évasif. Cependant, l'appréciation de l'euro face au dollar s'explique également par la dépréciation du dollar. Les interrogations sur la mise en place du policy mix aux Etats-Unis ainsi que les dernières révélations sur l'affaire « russe » tirent le billet vert le bas.

David Ganozzi - Gérant d'allocation chez Fidelity

Source : Datastream. Performances en €. Les indices de référence sont indiqués entre parenthèses.

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