Une fois n’est pas coutume. Arnaud Riverain, Associé Gérant chez GreenSome, constate que les grandes capitalisations surperforment les Mid et Small caps, et ce, assez largement. Au mois d'avril 2018, le CAC 40 affiche une progression de 6,8 % contre 3,5 % sur le CAC Mid&Small. Comment interpréter ce changement de posture en faveur des grandes capitalisations sur les marchés boursiers ? Doit-on craindre une sortie de route prochaine ?
Sur les marchés, le mois d'avril frôle la perfection, à l'image du parcours du CAC 40 qui surperforme nettement les autres indices de la place parisienne. Avec une hausse de 6,8 % en avril, le CAC 40 produit sa meilleure clôture mensuelle depuis plus de 10 ans. Le CAC Small, quant à lui, tutoie les sommets atteints en janvier. Il faut remonter au mois d'octobre 2017 pour observer une telle surperformance du CAC 40 en termes de différentiels de points et à octobre 2015 en termes de performance absolue.
Le marché a été stimulé par les bons résultats des entreprises des deux côtés de l'Atlantique. On note en moyenne que plus de 80% des sociétés ont fait mieux qu'attendu. A ces excellents résultats vient s'ajouter un semblant de décrispation au niveau géopolitique après deux mois de « gueule de bois », du fait des craintes d'un retour de l'inflation qui aurait entrainé une hausse des taux longs, et au final on a disposé de tous les ingrédients permettant aux marchés de repartir à la hausse.
Dans ce marché extrêmement porteur, on observe néanmoins un recul des volumes. Ce tassement additionné à la nette surperformance des Large caps n'indiquent-ils pas que le marché tente de se prémunir contre le manque de liquidité en cas de retournement ?
Maintenant que quasiment toutes les sociétés ont publié leurs résultats annuels et pour certaines ceux du premier trimestre, on ne peut que lse réjouir au regard de l'évolution des BPA. La performance 2017 est « exceptionnelle » et est de loin la meilleure depuis plus de 6 ans. Ces bons résultats ont largement dépassé nos anticipations. L'ajustement des prévisions a eu lieu sur les Small, mais dans une moindre mesure qu'escompté et nous n'aurions jamais imaginé un tel ajustement par le haut du côté des Large caps. Aussi, l'observation des attentes 2018, ramenées à l'environnement actuel, nous incite à croire que le marché ne doit pas être si loin de la réalité. Les premiers ajustements à la baisse ont eu lieu assez tôt, notamment sur les Small car, comme à l'accoutumée, les prévisions étaient sur des niveaux de progression proches des 15%. Le gros des coupes est en passe d'avoir été fait, dès lors cela offrira un socle plus solide en termes de valorisation des indices.
Nous avions l'habitude de dire que les marchés étaient chers. Nous éprouvons désormais des difficultés à nous prononcer.
De plus, il est rare, voire exceptionnel, que la valorisation de tous les indices converge. Une telle situation nous incite à dire que les Small caps, dans le contexte actuel, sont chères par rapport aux Large caps. La liquidité offerte par les grandes capitalisations peut justifier de les préférer aux Small caps dans un marché en manque de convictions. Ce même manque de conviction et la présence de risques exogènes peut militer en faveur d'un positionnement sur des valeurs liquides, si jamais il était nécessaire de réagir précipitamment. La meilleure liquidité des Large caps fonde probablement leur surperformance et leur prix peut justifier que ce phénomène se poursuive encore quelque temps
Tout semble rose, peut-être même un peu trop. En février et en mars, les marchés se sont fait peur et on se rend compte maintenant que le trait a été un peu forcé. Le marché est-il revenu à la raison ? Peut-être ou peut-être que le marché s'est souvenu qu'une élévation mesurée des taux longs n'avait pas entrainé les catastrophes que certains prophétisaient.
Il est certain que les taux vont remonter et à quel moment cela risque de se produire tant aux US qu'en Europe. Actuellement, il semble qu'un plafond de verre ait été adopté par tous afin de se rassurer. Cela justifie que l'on se focalise un peu plus sur la micro-économie qui, elle, est d'excellente facture pour le moment et devrait le demeurer en 2018.
Néanmoins la préférence pour les Large traduit, selon nous, une certaine inquiétude. Le marché privilégie la liquidité afin de prévenir une catastrophe, ce qui reflète un sentiment contradictoire. Un marché qui favorise le « sauve qui peut » potentiel devient à risque. Le maintien de cette nette préférence donnée aux valeurs liquides en mai devra alors conduire les investisseurs à faire preuve d'un extrême vigilance.
Arnaud Riverain - Associé Gérant - GreenSome Finance
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