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Stress tests ou l'art de communiquer

27/07/2010 - 09:27 - Sicavonline - Vincent BEZAULT


Stress tests ou l'art de communiquer

Eric Delannoy, Vice-président de Weave

Les stress tests ne seraient-ils qu'un pur exercice de communication ? Après des résultats rassurants au-delà des espérances, beaucoup s'interrogent. Eric Delannoy, vice-président du cabinet de conseil Weave, nous livre sa vision de cet examen de passage plutôt réussi pour les banques européennes.

Eric Delannoy, les analystes estimaient que les stress tests feraient apparaître des besoins de recapitalisation des banques entre 30 et 80 milliards d'euros. Au final, les sept banques qui ne passent pas le cap des 6 % de Tier One devront lever 3,5 milliards d'euros pour renforcer leurs fonds propres. Vous y croyez ?

Les stress tests organisés par le Comité Européen des Contrôleurs Bancaires (CESB) ont d'abord et surtout été un exercice de communication. Tout a été fait pour créer une attente car, j'insiste là-dessus, les banques font régulièrement des stress tests sans que cela ne suscite une telle émotion : j'ai notamment en mémoire un rapport très complet de la Banque de France en 2004 sur le bilan des banques françaises qui n'avait pas tenu en haleine les marchés financiers comme les stress tests l'ont fait cette fois-ci.

On a donc créé artificiellement une tension dramatique ?

Absolument. Et comme les banques se testent régulièrement, l'issue des tests de résistance ne faisait pas l'ombre d'un doute pour leurs organisateurs. On savait pertinemment qui ne passerait pas la barre des 6 % de Tier One et qui franchirait ce ratio de fonds propres. Comme vous le dites, on a généré artificiellement du suspens pour faire en sorte que les résultats de ces tests aient le plus d'impact possible.

Plusieurs voix se sont élevées pour critiquer vivement la méthodologie de ces tests de résistance. Vous rangez-vous dans leur camp ?

Le principal problème réside selon moi dans le fait que ces stress tests sont le parfait reflet du manque de gouvernance européenne. Les problématiques et les intérêts des banques varient d'un pays à l'autre. Le secteur bancaire n'est pas confronté aux mêmes défis en France, en Allemagne, en Espagne ou en Grèce. Pour que les Européens puissent s'accorder sur la méthodologie des stress tests, il a fallu retenir des critères a minima. A ce titre, on a bien vu la réticence des Allemands à admettre des critères exigeants : outre-Rhin d'aucuns n'ont en effet pas manqué de souligner que si les tests de résistance s'établissaient à partir d'hypothèses de dégradation de la dette souveraine trop importantes, on risquait de donner au marché le sentiment qu'il y avait un vrai problème concernant ladite dette souveraine. Par conséquent, les marges de manœuvre étaient très faibles pour les régulateurs. Il fallait éviter de paraître trop laxistes en ne prenant pas en compte la dette souveraine et, donc, de se décrédibiliser vis-à-vis des marchés. Il fallait aussi ne pas taper trop fort, parce que cela aurait découragé certains pays de jouer le jeu. Du coup, on obtient une solution médiane qui satisfait a minima tout le monde et d'où il ressort que les besoins en recapitalisation des banques semblent plutôt réduits.

Vous parliez de préserver la crédibilité des stress tests. Cependant, l'objectif peut-il être considéré comme atteint alors que le risque de défaut d'un État ne figure pas dans les scénarii retenus ?

Je considère normal que le risque de défaut n'ait pas été intégré dans les stress tests dans la mesure où la création du Fonds Européen de Stabilisation Financière (FESF) permettra de prévenir le risque de défaillance d'un État en lui assurant un accès au financement.

Mais est-ce que les stress tests n'ont pas également minoré les risques de défaut dans le secteur privé, sachant que l'entrée en vigueur des plans d'austérité impliquera sans doute une fragilisation de bon nombre d'entreprises ou de consommateurs ?

Je ne crois pas à une augmentation sensible du taux de défaut dans le secteur privé consécutivement à une dégradation de la conjoncture. La raison en est que lorsque la crise a atteint son paroxysme en 2008, les banques, à qui l'on annonçait l'apocalypse, ont sur-provisionné les risques de défaut et ont durci l'accès au crédit. Les débiteurs sont donc aujourd'hui de bien meilleure qualité que lorsque les banques prêtaient à tout va ; ils sont, partant, moins susceptibles de faire défaut. En outre, je pense que les banques ont tellement anticipé de pertes qu'elles vont pouvoir effectuer des reprises de provisions dans les années à venir. Voilà pourquoi je me montre plutôt confiant en la matière.

Si les stress tests ont selon vous eu raison de ne pas s'appesantir sur le risque de défaut, peut-on en dire autant à propos du risque de liquidité ?

Non, le risque de liquidité aurait mérité une meilleure prise en compte. Les banques ne se font toujours pas confiance entre elles. Elles continuent à emprunter à la BCE à des niveaux records. La méfiance des établissements bancaires les uns vis-à-vis des autres traduit manifestement le fait que certaines banques européennes sont porteuses aux yeux de leurs concurrentes d'un risque structurel, notamment du fait de leur exposition à la dette souveraine. En situation de stress, on peut logiquement concevoir que des banques se retrouvent asphyxiées par manque de financement. Ce risque a été négligé.

Au final, ces stress tests servent-ils à quelque chose ?

Comme je le disais en préambule, ces tests ont plus servi à la communication qu'à éprouver réellement la résistance des banques. Mais je doute sincèrement que les Européens n'apaisent durablement les inquiétudes des marchés tant que la gouvernance européenne restera aussi cacophonique et que les intérêts des uns et des autres demeureront aussi divergents. L'Europe doit s'atteler à construire sa crédibilité vis-à-vis des marchés financiers en se dotant d'une gouvernance réellement unie. Propos recueillis par Vincent Bezault

© Synapse. Les contenus (vidéos, articles) produits par Synapse font appel à des journalistes professionnels. Ils ne constituent pas des conseils en investissement ou des recommandations personnalisées. Le diffuseur n'a participé ni à l'élaboration de ce contenu ni à la sélection des valeurs/fonds mentionnés. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. L'investissement sur les marchés comporte un risque de perte en capital et aucune garantie de gain ne peut être octroyée.



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