L'heure est à l'attentisme sur les marchés boursiers. Après l'enthousiasme général suscité par l'annonce de la FED, favorable à la reconduction de son programme d'assouplissement monétaire, les investisseurs font preuve d'un regain de prudence. Un état d'esprit qui s'explique notamment par des prises de bénéfices légitimes, après les sommets atteints récemment par les indices boursiers américain et allemand, mais aussi par le retour de facteurs d'incertitude comme le risque budgétaire américain. En effet, outre-Atlantique, la dette est en passe d'atteindre son plafond légal, mettant le Congrès sous pression à quelques jours d'une échéance fatidique. Si d'ici le 30 septembre les parlementaires américains ne parviennent pas à s'accorder pour rehausser le montant maximal de la dette, le gouvernement devra procéder à des coupes budgétaires automatiques qui provoqueront la rupture de certaines prestations publiques. L'hypothèse d'un blocage budgétaire, qui figerait le financement de l'Etat, pèse actuellement sur les indices boursiers américains. L'indice Dow Jones a par exemple corrigé de plus de 2% sur les cinq dernières séances, pour refluer à un niveau proche de 15 300 points. Dans le sillage des marchés U.S., les indices européens semblent manquer de souffle. L'indice parisien peine à se maintenir au dessus des 4 200 points, tandis que les volumes d'échanges quotidiens demeurent assez modestes, preuve de la torpeur du marché. Nul ne veut prendre de position significative sur les marchés actions, tant qu'il n'y a pas d'indication sur l'issue des discussions budgétaires aux États-Unis. L'autre « newsflow » majeur qui a contribué à refroidir les marchés, concerne l'activité de crédit aux agents économiques en Zone euro. Selon la BCE, les prêts consentis au secteur privé et aux particuliers ont faibli de 2% sur un an (entre août 2012 et août 2013). Ce chiffre reflète notamment les difficultés des établissements bancaires européens à répercuter auprès des consommateurs de crédit, les conditions de financement avantageuses que leur garantit la politique monétaire accommodante de la Banque Centrale Européenne. De ce point de vue, il semblerait qu'en dépit de l'amélioration de l'environnement financier permise par la BCE (liquidité et solvabilité du système bancaire, baisse des taux d'emprunt souverains), les effets positifs du refinancement à long terme des banques, les fameuses LTRO, se soient évaporés au seuil de l'économie réelle. Dès lors, la BCE pourrait reprendre la main en activant une troisième opération de refinancement, si elle estime que les banques éprouvent encore des besoins en capital pour transformer leurs liquidités en offres de prêts. Fabrice Cousté, DG de CMC Markets France
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