Malgré une hausse de 8 % depuis le début de l'année, les Small caps sont à la peine. En mars, l'indice CAC SMALL affiche un léger recul de -0,4% tandis que le CAC Mid& Small lâche -0,6% et que le CAC 40 continue sa course folle avec +2,1 % sur le seul dernier mois. Faut-il croire l'incroyable et miser sur une poursuite de la hausse ou se montrer prudent, prendre ses gains et attendre d'y voir plus clair ? Arnaud Riverain, Associé Gérant chez GreenSome Finance et spécialiste des Small Caps n'y va pas par quatre chemin et livre une analyse qui donne matière à réfléchir.
Le moins que l'on puisse dire c'est que c'est un quasi sans faute pour le CAC 40 depuis son plus bas de fin décembre. L'indice phare de la Bourse parisienne est presque revenu sur ses plus hauts touchés l'été dernier. En revanche le CAC Small, qui a connu des achats à bon compte en toute fin d'année après la purge amorcée en septembre, patine et cela depuis le 11 janvier. Ce phénomène est nouveau car lorsque le marché semble sur une vraie tendance acheteuse, à un moment ou un autre les Small surperforment et là c'est loin d'être le cas même si elles n'ont pas à rougir de leur performance. Après il faut avoir en tête que cette performance s'est faite sur une semaine de Bourse et depuis plus rien alors que le CAC 40 a enchainé trois trimestres de hausse. Que peut-on en déduire ? Tout d'abord que les gérants privilégient les valeurs liquides mais ça nous l'avons déjà dit. Ensuite, les gérants semblent rassurés par les discours des banques centrales qui promettent pendant un certain temps encore de l'argent pas cher, est-ce une bonne chose ? C'est à voir. Ils gardent également en tête les possibles conséquences du Brexit et cela faute de vraiment savoir qu'elle pourra en être l'issue tout en estimant que l'impact sera mesuré. Enfin, les gérants s'attendent à ce l'Oncle Sam et l'empire du Milieu finissent par trouver un terrain d'entente sans qu'aucun des deux pays ne perdent la face aux yeux du reste du monde.
Bref, au regard des performances des indices et si on les met en parallèle des attentes des gérants en début d'année, qui sont d'ailleurs toujours autour des +10/+15%, on peut avoir envie de tout transférer sur son livret A par saine prudence car la performance est faite et qu'il est certain qu'il va y avoir des incidents dans les mois à venir.
Nous avions observé en février un relèvement sensible des estimations de BPA 2018 sur les valeurs du CAC 40 par rapport à janvier (+3,4 points) ce qui est assez rare pour le relever. Ce mouvement semble confirmé maintenant que les valeurs stars de la cote ont publié leurs résultats. 2018 a donc été une année correcte en termes de résultats ce qui, sous cet angle, rend la sanction de fin d'année un peu exagérée. Du côté des Small, on semble s'orienter vers une croissance des BPA de +3%, bien loin de l'objectif de début d'année, un décalage relativement classique sans grande signification. Cependant si l'on compare ces BPA à ceux des années précédentes, on observe un affaissement notable de la croissance des BPA, est-ce la pondération accrue de Biotechs et Medtechs qui vient « fausser » les médianes, peut-être et c'est aussi probablement un début d'explication au retard pris par l'indice Small.
Nous évoquions en février une évolution surprenante des ratios du CAC 40 par rapport aux mois précédents, allant dans le sens d'un indice nettement moins cher que ce qui était affiché auparavant. Cela s'est confirmé en mars avec des ratios inférieurs à leurs moyennes. Il ressort sur ces bases que le CAC 40 est attractif ce qui pourrait justifier la performance actuelle de l'indice et lui accorde même du potentiel. Pour le Small on ne bouge pas et pour 2019 nous sommes sur des niveaux de prix qui rendent les plus « grosses » small attractives alors que les plus petites semblent à leur prix. Là aussi, le poids des Biotechs et Medtechs joue sans doute. Une hypothèse à confirmer.
Le marché, pour ce qui est des plus grosses valeurs de la cote, vit un très bon début d'année alors que les plus petites valeurs sont d'une certaine manière à la peine. Elles pâtissent de leur déficit de liquidité faisant réfléchir les gérants à deux fois avant de rentrer, s'ils peuvent rentrer sans « arracher » à la hausse le cours faute de vraie contrepartie. Par ailleurs, et ça on l'a déjà dit, dans un contexte avec un certain nombre d'incertitudes macro-économiques, il est toujours plus prudent d'être positionné sur des actifs dont on peut se séparer rapidement. Aussi, ces arguments réunis traduisent l'incertitude des investisseurs. Ils ne sont pas véritablement prêts à prendre des risques faute d'une visibilité suffisante et on ne peut leur donner tort car nous disposons de davantage d'éléments induisant le doute que l'inverse. En conséquence de quoi, sortir progressivement du marché a un sens, le temps de découvrir ce qui peut nous tomber sur la tête d'ici l'été.
Afin de cependant comprendre l'écart, tout relatif de performance, entre le CAC Small et/ou Euronext Growth (ex Alternext) et le CAC 40 voire le CAC Mid&Small, il faut s'intéresser à leurs compositions respectives. Ainsi, parmi les « micro caps », on compte de très nombreuses Biotechs et Medtechs qui, pour la plupart, n'ont cessé de décevoir et qui naturellement ont vu leurs cours dévisser plus que violemment. Ce type de valeurs peut aisément afficher une perte de -70%/-80% sur 1 an et même parfois sur une durée plus courte. A cela s'ajoute le fait que quasiment aucune d'entre elles ne dégage des profits. Nous avons là le double effet « kiss cool ». Des valeurs massacrées en Bourse ne présentant pas des perspectives de rentabilité avant longtemps : cela donne un indice « plombé » et un consensus « anémié ». Ce qui nous chagrinait depuis la reprise des indices est peut-être la résultante de l'ensemble de ces éléments ou du moins le fait que le poids de ses « laboratoires » se fait beaucoup plus sentir maintenant que les gérants font très attention à la question de liquidité. Malgré ces constats, nous continuons d'observer la présence de pépites parmi les « micro caps », mais elles sont très bien cachées.
Enfin pour rebondir sur notre titre « l'année est finie » certains diront que c'est un poisson d'avril et d'autres qu'un tiens vaut mieux que deux tu l'auras…
Arnaud Riverain - Associé Gérant GreenSome Finance
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