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Covid-19 : La mesure du choc économique

23/03/2020 - 16:21 - Sicavonline - La Rédac' (mis à jour le : 04/05/2020 - 12:52)


Covid-19 : La mesure du choc économique

Deuxième partie de la version rédigée de notre interview vidéo tournée le 19 mars avec Véronique Riches-Flores (RF Research).

Vincent Bezault : Véronique Riches-Flores, vous nous indiquez que nous avons de très bonnes raisons d'être inquiet de l'avenir économique à court terme. Or, justement, regardons un peu de quoi cet avenir va être fait. Si on veut extrapoler ce qui nous attend au plan économique, il faut peut-être, regarder les pays les plus avancés dans la crise, notamment la Chine, pour avoir quelques indices du choc et de son ampleur.

Véronique Riche-Florès : C'est très important effectivement, j'irais même au-delà, vous voyez que la plupart d'entre nous, y compris dans le corps médical, observent ou analysent les données chinoises, afin de tenter d'anticiper le pic de l'épidémie et ses incidences économiques. La situation chinoise de ces dernières semaines est extrêmement importante et conditionne ce que disent aujourd'hui les économistes.
En Chine, le choc a été extrêmement violent. A partir de quand ? A partir du moment où le gouvernement chinois a pris des dispositions de confinement, parce qu'à partir de ce moment-là, vous paralysez l'activité économique, les gens ne sortent plus de chez eux, les entreprises ne fonctionnent plus, il n'y a plus de transports, plus de commerces, à part le commerce alimentaire essentiellement, et finalement on a quelques indications, pas beaucoup et c'est là que l'on prend conscience que les données économiques sont très longues à nous révéler la réalité du moment, mais nous avons quand même à disposition quelques indicateurs et ils sont extrêmement parlants et violents.
Prenons, par exemple, les ventes automobiles. Les ventes d'automobiles ont baissé de plus de 90 % entre l'avant-crise et la période de confinement. Les transactions immobilières de la même manière ont chuté de 80 ou 90%, ce qui considérable. Le transport des passagers à l'intérieur du pays est toujours très faible et a beaucoup de mal à se redresser. On disposait également d'un autre indicateur particulier à la Chine : la consommation de charbon. Cet indicateur est essentiel puisque d l'activité économique et les besoins en énergie électrique dépendent du charbon et là encore on relève des chutes de 60-70 % au cœur du du confinement.

Toutes ces mesures nous disent que pendant un confinement, il n'y a plus d'activité quasiment, alors ce sont des estimations toujours très difficiles à mener, mais on voit bien au vu des indicateurs mentionnés, que l'on parle sans doute d'une économie chinoise qui a fonctionné au mieux à 50% de ses capacités pendant la période de confinement, plus vraisemblablement à 30%.On a diminué l'activité 60 à 70 %pendant une période, certes limitée, à peu près un mois, soit un douzième d'une année ce qui signifie que 8% du PIB annuel a été impacté de manière absolument exceptionnelle.
Avec une simple règle de trois, cela donne 50 ou 60 % en moins d'activité sur 1/12e entrainant un choc de 5 à 6 % environ sur le produit intérieur brut annuel. Il s'agit de l'exemple chinois, mais cet exemple peut aisément se dupliquer à tous les pays qui mettent en place des politiques de confinement de la population.

VB : Dans vos travaux Véronique, vous avez tenté d'évaluer l'impact de ce choc en zone euro. Le fruit de ce travail est le graphique ci-dessous. Il s'agit de l'impact sur les secteurs du PIB au sein de la zone euro. On voit le détail par secteur, la part que représente chaque secteur dans le PIB total de la zone euro et on voit l'impact de ce choc qu'est la crise sanitaire du coronavirus sur chacun de ces secteurs. C'est bien cela ?

Covid-19 : La mesure du choc économique



Véronique Riche-Florès : C'est bien cela, attention, cela n'a rien de scientifique, c'est-à-dire que les chiffres d'impact sont ceux que j'ai estimés, non pas à partir de données économiques parce que nous n'en avons pas, mais à partir de ma perception du choc économique dans les différents secteurs, et c'est pour cela que je pense qu'il est intéressant de porter à connaissance ce type de graphique parce que finalement tout un chacun peut s'interroger.
Prenons pour commencer la construction, à quel pourcentage de son d'activité normale fonctionne-t-elle aujourd'hui ? J'estime que l'on n'est pas au-dessus de 20%, et, probablement, qu'on est en dessous, d'où ce choc de 80% et si vous prenez les secteurs les uns après les autres, vous verrez que l'ampleur du choc est considérable.
Dans la finance, vous avez certainement des activités de marché qui sont très intensives en ce moment parce qu'il se passe beaucoup de choses. A côté de cela les assurances, mais surtout les banques, en particulier la banque de détail, dès l'instant où vous n'avez plus de transactions immobilières plus de crédit automobile, plus de crédit à la consommation, souffrent...
On a probablement un secteur financier, qui dans sa globalité, c'est une appréciation personnelle, on verra au fil du temps, mais qui peut être est en train de subir un choc de l'ordre de 60%.
De la même manière, on sait que les industries sont fermées. De toutes façons, les gens sont confinés, ils ne peuvent plus aller au travail ni se déplacer et très peu de commerces demeurent ouverts, on a sans doute un choc de 80 %...
Quand on fait la synthèse de ces estimations très grossières et qu'on les rapporte au poids des différents secteurs de l'économie, on aboutit à la confirmation qu'un mois de confinement (période qui risque d'être prolongée) représente une onde de choc absolument phénoménale sur la croissance, y compris rapporté au produit intérieur brut annuel. En l'occurrence avec ces estimations, si je somme l'impact par secteur, on est probablement aux alentours de 6% de la valeur ajoutée annuelle de la zone euro.

VB : Ce qui est considérable.

Véronique Riche-Florès : Ce qui est considérable, mais assez proche en réalité des chiffres que j'ai mentionnés tout à l'heure pour la Chine.

C'est une autre approche. On a cette manie en économie de vérifier nos conclusions avec plusieurs approches. Au final, on arrive au même type d'impact et on pourrait avoir le même résultat au sujet de l'économie américaine. Si on imagine que l'accélération de la contamination finisse par un confinement un peu plus important que ce qu'on a aujourd'hui aux Etats-Unis, probablement qu'on aurait une onde de choc d'à peu près la même ampleur. [NDLR : les chiffres américains publiés depuis vont dans ce sens]

VB : On a d'ores et déjà les premières indications de l'impact en zone euro, notamment au travers de la publication de l'indice IFO en Allemagne. Ce dernier révèle que l'activité est en train de se contracter furieusement.

Véronique Riche-Florès : Oui, c'est violent. C'est partout violent, parmi ces indicateurs, qui sont des indicateurs plus classiques, mais qui sont mensuels et qui arrivent avec retard, on a eu, par exemple, les indices PMI chinois. Ces indices du climat des affaires ont chuté de plus de 30%, c'est très violent et indique une crise extrêmement rapide et potentiellement plus profonde que celle de 2008.

 

Covid-19 : La mesure du choc économique



VB : Les indices PMI des directeurs d'achat doivent se lire de la manière suivante : s'ils sont au-dessus des 50, ils traduisent une croissance de l'activité, en deçà des 50 c'est une décroissance de l'activité.

Véronique Riche-Florès : 50 n'est pas tout à fait la limite entre la croissance et la récession, mais c'est bien une décroissance de l'activité effectivement, avec la particularité par rapport à 2008 (parce que l'économie chinoise a changé) que ce choc manifeste est très fort dans les services, alors qu'en 2008 les services n'avaient pas franchi ce seuil de 50, on avait eu un petit coup de bambou derrière la tête, mais la contraction de l'activité était surtout perceptible dans l'industrie. Dans le cas présent, on voit indéniablement un choc dans les services très significatif et on fait le même constat avec les données publiées en Allemagne : sans surprise, l'IFO montre que les perspectives dans les services ont chuté. En un mois, on est allé se repositionner sur les plus bas niveaux de décembre 2008 bien que nous n'en soyons qu'au tout début. En outre, quand cette enquête a été menée, on n'était pas encore en confinement partout en Europe. Cela donne une idée du niveau de la brutalité du choc, particulièrement dans les services.

Traditionnellement, les crises, les récessions classiques surviennent en fin de cycle. On observe une usure de la demande, une diminution du crédit ou le crédit est plus cher et donc la demande de biens durables baisse, ce qui créé des récessions, qui en général sont avant tout manufacturières, c'était d'ailleurs le cas au début de la crise en Chine. Vous vous souvenez, il y a quelques semaines, on parlait surtout de l'arrêt des entreprises chinoises et des risques d'approvisionnement dans le monde, notamment sur la chaîne de production, qui risquaient de gêner la production des autres, mais on n'était pas encore face à un phénomène de crise de demande.

Or, la propagation du virus hors Chine et les mesures de confinement font basculer cette typologie de crise en une crise de demande internationale, la demande des biens durables, des automobiles, mais pas uniquement. Cette crise de la demande va surtout concerner, et c'est l'une des caractéristiques de la crise que nous traversons, les services c'est-à-dire l'hôtellerie, la restauration, les loisirs les transports, l'immobilier. Les transactions immobilières ne se font plus. Les services aux entreprises d'information, de communication, administratifs, à l'arrêt sont des gisements d'emplois, on sait très bien que les économies ne vivent plus de l'emploi industriel mais bien de l'emploi tertiaire.
Ce sont par ailleurs des activités dans lesquelles se sont considérablement développés les emplois indépendants ou des petites unités de production, des PME qui sont traditionnellement plus fragiles que les grands groupes, qui sont moins diversifiées bien souvent et qui peuvent difficilement faire face à une interruption un tant soit peu prolongée de leur chiffre d'affaires ou de leur croissance. Or, nous sommes devant une interruption qui dure.



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