Le double effet Macron (GreenSome Finance)

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On peut dire qu'après avoir fait exploser les parties politiques classiques ou du moins les avoir poussés au bord du précipice, celui qui pourrait devenir le plus jeune président de la 5ème République a été ovationné par les marchés. En effet, au lendemain du 1er tour ces derniers sont sortis de leur léthargie avec une progression du CAC 40 de plus de 4% et cela dans des volumes exceptionnels de près de 9 Mds€. Bref du jamais vu depuis très très longtemps. A titre d'illustration, les capitaux échangés ont progressé pour la 1ère fois depuis février 2016 et post 1er tour ont même cru de plus de 60% vs +7% avant l'échéance… Il est fort ce Macron…

Pour notre part et peut-être car sommes-nous trop « bear », nous ne comprenons pas. Le marché avant cette échéance s'était focalisé sur un risque Le Pen - Mélenchon ce qui nous semblait totalement impossible et cela pour des raisons mathématiques. Les mathématiques nous ont donné raison. Après attention les jeux ne sont pas faits, mais bon sauf tsunami les dés semblent être jetés. Alors pourquoi un tel emballement. La seule raison vient probablement d'un certain nombre d'investisseurs et probablement essentiellement des étrangers qui étaient vendeurs à découverts au regard de ce « pseudo » risque. Ils se sont donc rachetés lundi d'où un tel bond. Au-delà de cette réaction épidermique, le mois d'avril est un excellent cru mais attention il ne repose que sur une journée ou presque. Après, nous ne pouvons nier que la dernière semaine a aussi apporté de très bonnes nouvelles en termes de résultats que ce soit sur les Larges que sur les Smalls. Chaque annonce positive est d'ailleurs vraiment saluée et il n'est pas rare de voir des titres bondir de plus de 5% en une semaine. Dans l'autre sens, toute déception amène une correction violente qui frôle parfois les 10%. Que cela traduit-il ? Selon nous, toujours une certaine nervosité des marchés qui réagissent au quart de tour. Enfin, à écouter de nombreux experts, cette hausse est justifiée par le fait que les indicateurs économiques démontrent que cela va mieux. Sans vouloir faire les oiseaux de mauvais augure, à croire qu'ils découvrent que cela va mieux. Cela fait pourtant déjà longtemps que nous évoquons et quand nous disons nous, nous parlons des économistes, une année 2017 qui devrait être positive tant au niveau macro que micro avec des signaux forts en termes d'investissements à venir des sociétés.

Où en est le consensus ?

Nous avons décidé de regarder désormais l'évolution des BPA par rapport aux attentes affichées fin décembre. Nous avons fait ce choix car il est de coutume de voir progressivement ce consensus s'affaisser fortement au fil des mois. Afin de mieux cerner le sentiment des analystes, il peut être opportun de comparer l'évolution de la variation de ce consensus par rapport à la même période de l'exercice précédent. A ce stade, nous pouvons noter pour le CAC 40, qui est le plus représentatif du sentiment des experts, voit ses perspectives ajustée de manière moins forte que l'an dernier à la même période. Ainsi, les analystes ont revu à la baisse de 1,2 point en 4 mois alors que nous étions à -3,5 points en avril 2016.

Que cela traduit-il ? Une plus grande confiance et cet élément est un facteur clé du soutien des marchés.

Le point sur les sniveaux de valorisation 

La correction n'est pas venue comme nous l'attendions. Merci Monsieur Macron ;)

Néanmoins, le marché semble oublier les fondamentaux et achète le bon news flow alors que selon nous, ce dernier était déjà appréhendable il y a quelques mois. Attention donc à quelques déceptions et nous voyons bien au regard de la réaction dès que c'est le cas que l'erreur ne pardonne pas. Tant que c'est circonscrit à quelques valeurs, pas de problème, mais tout événement exogène déstabilisant pourrait induire une vague de vente assez sévère.

Quelle conclusion ? 

Les marchés montent mais sur des « non nouvelles ». Vue de l'extérieur c'est bien mais quand on y regarde de plus près cela rend cette hausse fragile. Certes, nous avons pris un biais « pessimiste » depuis quelques temps mais la réaction épidermique des investisseurs n'est pas là pour nous rassurer. Après, peut-être bénéficierons-nous après notre séquence électorale d'un phénomène de vase communicant i.e. que les capitaux qui sont allés en nombre de l'autre côté de l'Atlantique et qui seront rassurés décideront de privilégier l'Europe qui, comme à son habitude, à 18 mois de retard par rapport aux USA. 

L'optimisme semble revenir et il sera intéressant de voir si ce retour observé en avril des investisseurs se confirmera en mai même si c'est un vrai gruyère propice aux très longs week-ends. 

L'autre rendez-vous, intéressant à observer, arrivera au cours des mois de juin et de juillet. En effet, la cote parisienne est très avare en nouveaux entrants, l'effet élections et ponts à rallonge jouant certainement. Si l'optimisme est vraiment là, nous devrions voir de nombreuses introductions notamment des Small Caps. Cet élément sera un bon indicateur du sentiment général et de la vraie capacité du marché à prendre des risques et à croire à de nouvelles histoires. Si ce sont les augmentations de capital qui l'emportent, cela sera révélateur d'un marché qui n'est pas encore vraiment sûr de lui. Dès lors, peut-être pourrons-nous voir cela comme les prémices d'une possible correction. 

Nous n'en sommes pas là. Finissons nos « belles élections » et profitons de ces nombreux week-ends qui nous attendent en espérant que le beau temps soit au rendez-vous. Nous n'aimerions pas que ces week-ends soient à l'image de celui du 1er mai. Tout le monde est content d'avoir ces trois jours mais les nuages trop nombreux nous l'ont un peu gâché. Pourrait-on y voir un parallèle avec les marchés ? L'avenir nous le dira.

Arnaud Riverain, Associé Gérant chez GreenSome Finance

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