Bernard Aybran (Invesco AM) : Entendons-nous d'abord sur le double dip. Il s'agirait d'un retour en récession des Etats-Unis après qu'ils en sont officiellement sortis mi-2009. « Double dip ou pas ? », telle est donc la question mais sommes-nous même jamais sortis réellement du premier dip, de cette première récession de 2007, et ne pouvons-nous pas considérer que celle-ci est juste en train de s'aggraver ? Car, que je sache, le PIB américain reste, en valeur réelle, inférieur à ce qu'il était il y a quatre ans. Ceci posé, il n'en demeure pas moins que du point de vue des règles économétriques, les Etats-Unis ne sont pas encore en récession. Ce que nous savons aussi, c'est que si la progression du PIB U.S. s'avère inférieure à 2 %, ils ont de grandes chances d'y retourner. Ce risque me paraît d'autant plus sérieux que la consommation compte pour les 2/3 du PIB américain et qu'elle n'est plus soutenue par grand-chose. Les ventes de Wal Mart sont assez révélatrices du manque de ressort de la consommation outre-Atlantique : le géant américain de la distribution, dont la clientèle locale est composée des plus bas revenus de l'Amérique, a indiqué mi-août avoir enregistré la neuvième baisse trimestrielle consécutive de ses ventes aux Etats-Unis.
Non et c'est bien le problème. Les chiffres de l'emploi aux Etats-Unis demeurent mauvais avec un chômage qui reste élevé deux ans après la sortie de récession, ce qui est inhabituel de ce côté-là de l'Atlantique. L'immobilier, l'un des gros postes du patrimoine des ménages, ne repart pas, ce qui est aussi inaccoutumé. Les consommateurs américains sont engagés dans un processus de désendettement long, qui se mesure en années. On ne peut dans ces conditions attendre de miracle de la consommation et de la croissance américaines. Surtout que mauvaise nouvelle pour les Etats-Unis, ils ne disposent plus d'armes budgétaires pour soutenir l'activité et que l'Europe serre au même moment les boulons.
Ce n'est pas la Chine qui sauvera le monde. La consommation chinoise a beau croître fortement, elle ne représente qu'une fraction de la consommation américaine. Les émergents ont sans doute les ressources pour se sauver eux-mêmes mais n'ont pas le poids économique pour sauver le monde occidental.
Vous évoquez l'idée que l'inflation permettrait d'alléger le poids de la dette. On lie souvent le recours à la planche à billet et l'inflation mais le deuxième programme de Quantitative Easing (QE2 ) mené par la FED aura eu pour principal effet de ne faire monter le prix que de certains actifs, les matières premières en tête. La hausse de ces dernières contribue à amputer le pouvoir d'achat des ménages, tout l'inverse de ce que l'on peut souhaiter. Je ne crois donc pas qu'un QE3 constitue un remède efficace et adapté. Entretien réalisé par Vincent Bezault
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