(AOF / Funds) - La BCE a comme objectif de maintenir l'inflation légèrement en dessous de 2%. Son bilan depuis le lancement de l'euro n'est pas trop mauvais, puisqu'en moyenne l'inflation de la zone euro a été de 2,05%. Mais cette moyenne cache des disparités importantes, observe Natixis. Les pays AAA (France incluse) ont systématiquement affiché, sauf en 2009, une inflation plus faible que les pays périphériques. Toutefois, les inflations ont, depuis l'année dernière, fortement convergé : l'écart-type des inflations de la zone euro est à un plus bas historique, tandis que l'inflation moyenne des pays AAA est égale à l'inflation moyenne des pays non AAA. A priori, cette convergence des inflations est une bonne nouvelle, même s'il vaut mieux regarder les seuls prix des biens exportables pour mesurer l'amélioration relative de la compétitivité d'un pays, souligne Natixis. Le hic ajoute la banque, c'est que le coût de cette convergence des rythmes de hausse des prix est très élevé : elle provient d'ajustements réels extrêmement douloureux pour les pays périphériques, et se traduit par une dispersion record des taux de chômage. En Allemagne, il est de 6,8%, en Espagne de presque 25%. L'Allemagne a jusque là demandé à ses partenaires européens de respecter scrupuleusement leurs engagements budgétaires, ce que l'Espagne a tenté de faire. Mais cela ne peut qu'aggraver un peu plus cette divergence réelle. Cela accroît aussi le risque de dépression, estime Natixis. Il a été suffisamment démontré que les politiques d'ajustement proposées jusque là ne sont pas efficaces : elles ne permettent pas de stabiliser la situation en zone euro. Il est impératif - et désormais urgent - d'aller au-delà, affirme la banque. Selon Natixis, les pistes lancées récemment sont plutôt de bon augure. D'abord, la BCE semble prête à donner un coup de main aux gouvernements, si ceux-ci font montre d'un peu plus de bonne volonté. On commence à parler d'une régulation européenne des banques, d'une recapitalisation de celles-ci au niveau européen. Les banques ne seraient plus espagnoles ou italiennes, mais européennes (pour l'instant, officiellement, l'Allemagne s'y oppose, préférant aider les Etats sous condition). On réfléchit à assouplir certaines contraintes budgétaires. On parle croissance. On murmure eurobonds. "Bref, face au spectre du chaos que ne manquerait pas de provoquer l'explosion de l'euro, il semble que l'Europe se mette enfin à réfléchir sérieusement à une intégration accrue", conclut Natixis. AUT/MAF
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