Marc Touati, Global Equities
Pour Marc Touati, Directeur Général Adjoint de Global Equities, le fonds européen de stabilité financière de 750 milliards d'euros devrait éviter la dislocation à court terme de la zone euro. Toutefois, l'enjeu est maintenant de restaurer une croissance bien mal en point. Un objectif qu'il est cependant possible d'atteindre.
A court terme, oui. La zone euro me parait pour l'instant sauvée. Grâce à ce fonds de 750 milliards d'euro, elle jouit désormais d'un sursis de deux ans pendant lequel la Grèce n'aura pas à faire appel au marché afin de financer sa dette publique. De ce point de vue là, l'Europe limite les dégâts et fait preuve d'une certaine cohésion. Le problème, malheureusement, est qu'elle n'a traité qu'une partie du sujet, à savoir le seul problème du financement de la dette. Les deux autres problèmes majeurs que sont la résorption de la dette et la restauration de la croissance sont toujours irrésolus.
Prenons le cas de la Grèce : Athènes a annoncé un plan de rigueur de 30 milliards d'euros, ce qui représente 12 % du PIB grec. Cela parait énorme et peu crédible, sachant qu'ont été adoptées des mesures contre-productives. Laissez-moi vous donner un exemple : on sait que le premier problème de la Grèce est le poids de son économie parallèle que l'on estime à environ 30 % de son PIB. Mais quelle mesure le gouvernement grec a-t-il pris ? Il a augmenté le taux de TVA de 21 % à 23 %. Autrement dit, il a renforcé la volonté des Grecs de recourir à l'économie parallèle, puisque précisément celle-ci prospère en raison d'une TVA trop élevée. L'enjeu est donc, en la matière, de ne pas confondre rigueur et assainissement.
Non en effet. Certes, en France nous devrons avoir notre « grand soir » fiscal afin de tout remettre à plat et de rendre la fiscalité plus efficace, mais qu'on ne se trompe pas, le vrai moyen d'assainissement des finances publiques est selon moi la baisse des dépenses publiques. Revenons à la France : en 2009, les dépenses de fonctionnement des administrations publiques ont augmenté chez nous de 14,4 milliards, soit de 4,1 %. C'est quatre fois plus que l'inflation ! Depuis 2002, elles se sont accrues de 87 milliards d'euros, soit un rythme de progression de 3,5 % par an, ce qui représente le double de l'inflation ! C'est cela qui est inacceptable et qu'il faut enrayer. « La crise de la dette que traverse la zone euro découle de l'absence de croissance. [...] L'enjeu est donc prioritairement de restaurer la croissance.» Par ailleurs, la crise de la dette que traverse la zone euro découle de l'absence de croissance. La majorité des Etats européens n'a pas assez de croissance pour payer les seuls intérêts de leur dette. Ce qui les contraint à s'endetter davantage pour rembourser ces mêmes intérêts. Ce n'est pas tenable ! L'enjeu est donc prioritairement de restaurer la croissance, et c'est possible ! La charge des intérêts de la zone euro prise dans son ensemble équivaut à 3,2 % de son PIB. Il faut donc dégager une croissance en valeur, c'est-à-dire avec inflation, supérieure à 3,2 %. Nous n'en sommes pas loin puisque actuellement la zone euro affiche déjà une croissance en valeur de 2,5 %.
La baisse de l'euro est en effet la bonne nouvelle de la crise grecque. Quand l'euro baisse de 10 %, la croissance de la zone euro s'en trouve améliorée de 0,4 % sur un an. Donc, toutes choses égales par ailleurs, si l'euro recule de 30 % par rapport à ses plus hauts, cela signifie que nous disposons potentiellement d'un gisement de croissance additionnelle de 1,2 %. Voilà pourquoi l'euro doit baisser afin que nous retrouvions de la croissance et des marges de manœuvre dans la gestion de notre dette. « La zone euro ne sera viable à long terme que si elle devient une zone monétaire optimale avec un véritable budget fédéral et dans laquelle les fiscalités, les réglementations, les marchés du travail sont harmonisés »
Non, car la zone euro ne sera viable à long terme que si elle devient une zone monétaire optimale avec un véritable budget fédéral et dans laquelle les fiscalités, les réglementations, les marchés du travail sont harmonisés. Si ces chantiers ne sont pas traités ces deux prochaines années, je crains qu'après 2012 le risque d'explosion de la zone euro ne redevienne un sujet pressant.
© Synapse. Les contenus (vidéos, articles) produits par Synapse font appel à des journalistes professionnels. Ils ne constituent pas des conseils en investissement ou des recommandations personnalisées. Le diffuseur n'a participé ni à l'élaboration de ce contenu ni à la sélection des valeurs/fonds mentionnés. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. L'investissement sur les marchés comporte un risque de perte en capital et aucune garantie de gain ne peut être octroyée.
Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. La valeur de l'investissement peut varier à la hausse comme à la baisse.
Souscription en ligne
Plus besoin de remplir à la main tous les bulletins de souscription grâce à la pré-saisie ! Gagner en rapidité et en efficacité.
Des frais réduits
Nos équipes négocient avec les sociétés de gestion des frais réduits.
Des professionnels
à votre écoute
Nos experts sont à votre disposition pour vous accompagner dans vos démarches du lundi au vendredi : 0 805 09 09 09 (appel gratuit)