Vincent Bezault, le rédacteur en chef de Sicavonline, revient sur BFM Business pour un nouveau portrait de géant de la gestion, et aujourd’hui il nous parle de Frédéric Plisson qui gère Echiquier Major, l'un des fonds star de la Financière de l'Echiquier.
Frédéric Plisson gère depuis l'origine Echiquier Major, un fonds un peu particulier dans l'histoire de Financière de l'Echiquier. Financière de l'Echiquier s'est d'abord fait une réputation avec les petites et moyennes valeurs. C'est en 2005 que son patron Didier Le Menestrel décide de lancer un fonds de grandes valeurs de croissance européenne et d'en confier la gestion à Frédéric Plisson.
Vous vous en doutez, les performances sont bonnes. Depuis son lancement en mars 2005, Echiquier Major a engrangé +133,52 % de gains contre seulement + 57 % pour son indice de référence.
Bref, la performance annualisée d'Echiquier Major au cours de cette décennie d'existence est de +8,62 %. C'est plutôt de bonne tenue.
Première chose intéressante dans son parcours, Frédéric Plisson n'est pas un gérant né. C'est quelqu'un qui est devenu gérant et un bon gérant dans la souffrance.
Mais commençons par le début. Frédéric Plisson n'avait pas de vocation précoce pour les métiers de la bourse. Il avait cependant un goût assez prononcé pour l'économie, qu'elle soit macro ou micro, ce qui l'a conduit à faire une fac d'éco.
En 1985, il est à la recherche d'un stage et l'une de ses connaissances lui propose de l'effectuer dans le service d'analyse financière de la société de bourse FERRI.
Plutôt curieux de nature il se dit pourquoi pas ?
Le premier jour, il est emmené au Palais Brongniart, et c'est la révélation. Selon ses propres termes, il se dit « c'est trop sympa, trop rigolo, trop intéressant, c'est ça que je veux faire. »
Oui, et l'une des choses qui le marquent est que dans ce monde-là, lire le journal est une occupation productive.
Dans certains jobs, quand on lit le journal, on a le sentiment de ne pas faire ce pour quoi on est payé. Là, c'est le contraire. On est obligé de s'intéresser à tout et ça le ravit.
L'aspect financier et ludique de la chose aussi.
Non, à partir de 1989, il entre réellement dans la vie professionnelle en tant que Vendeur Actions, toujours chez Ferri, où il s'est lié d'amitié depuis 1985 avec un certain Didier Le Menestrel.
Frédéric Plisson reste pendant 13 ans dans le brokerage.
Mais peu à peu, le métier change et l'intéresse moins. Selon lui, le broker devient plus un intermédiaire qu'un véritable conseil.
Et c'est là qu'en 2002, Financière de l'Echiquier lui propose de changer de métier.
Quand on est broker, on vend douze idées par jour à ses clients, et on est en droit d'espérer que l'une va bien marcher. Quand on est gérant, "on met ses idées dans un portefeuille et l'on voit si ça baisse ou si ça monte." Et en 2002, ça baisse ! Le CAC 40 perd 33 % !
Autant vous dire que notre ami Frédéric Plisson en est malade. Et tous les jours il songe à donner sa démission. Mais finalement, il s'accroche et en 2003 le marché se redresse et ses perfs avec.
En 2005, Didier Le Menestrel n'hésite pas à lui confier Echiquier Major. Preuve en est qu'il ne s'était pas si mal débrouillé.
C'est un gérant qui connaît ses limites. Il le reconnait très humblement, bien qu'il sache lire un bilan, il n'est pas un grand analyste des comptes de résultats et des DCF, et c'est pourquoi la gestion est pour lui une œuvre collective et qu'il a des gens dans son équipe capables de lui apporter ce type de lecture financière d'une entreprise.
Sa valeur ajoutée réside plutôt dans la compréhension de la dimension humaine d'une entreprise et ce qui peut advenir d'elle au plan boursier.
Frédéric Plisson recherche des entreprises dont il se dit que les dirigeants prendront les bonnes décisions en cas de crise majeure, type Tchernobyl ou Lehman Brothers, des gens à qui il a envie de confier son argent et celui de ses clients.
Le management est clef pour lui. Il faut qu'il incarne l'entreprise. Par exemple, s'il s'agit d'une société dont le métier est de faire économiser de l'argent à ses clients, il ne veut pas y trouver un siège social tout clinquant et un patron qui s'habille en Armani.
Il estime aussi que la bonne façon de savoir s'il s'est trompé dans un investissement est de se poser la question suivante : si le titre que j'ai en portefeuille baisse aujourd'hui de 15 %, suis-je content ? Est-ce que cela me donne l'occasion d'en racheter ? C'est le genre de questions qu'il se pose en permanence.
Bref, vous l'aurez compris, Frédéric Plisson est un gérant qui revendique un bon sens paysan, un gérant qui aime davantage à investir dans des hommes que dans des structures et qui comme tous les gérants de Financière de l'Echiquier est un gérant de long terme.
Pour l'heure, ça a plutôt bien fonctionné.
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