Xavier Gandrille : A priori, la hausse du prix du pétrole est un impôt supplémentaire pour les consommateurs dans la mesure où, pour l'essentiel, il s'agit d'une dépense contrainte, comme les produits alimentaires et les frais financiers. De surcroît, une hausse des prix qui résulte de spéculations sur d'éventuelles difficultés d'approvisionnement a un impact plus délétère sur l'activité que celle qui résulterait d'une croissance soutenue de la demande. Néanmoins, il y a quelques contreparties favorables : les producteurs retrouvent de l'oxygène, la hausse des prix rend plus compétitives de nouvelles zones d'exploration et incite à la recherche sur les énergies de schiste (gaz + pétrole) ainsi qu'aux dépenses en faveur de la "transition énergétique". D'ailleurs, si la hausse devait être pérenne, le nucléaire redeviendrait une alternative partielle crédible. On peut aussi ajouter, cyniquement, que si l'activité est pénalisée par une hausse intempestive de l'énergie, le Quantitative Easing* de la FED pourrait durer plus longtemps... Au total, la hausse du prix du pétrole correspond à un transfert de richesse des consommateurs vers les producteurs. Par solde, ce transfert est négatif pour l'activité puisque les producteurs de pétrole font tourner moins vite la monnaie que les consommateurs (différentiel de la vélocité de la monnaie).
On a toujours constaté de façon empirique que ce n'est pas tant le prix (en valeur absolue) du pétrole qui pèse sur l'activité que l'accélération de la hausse dans un laps de temps court. Par exemple, un doublement en 6 mois serait clairement pénalisant. Il le serait d'autant plus que la hausse des prix en l'espèce ne résulterait pas d'une amélioration du paysage économique, et donc d'une hausse de la demande. Mais, fort heureusement, pour l'heure nous n'en sommes pas là.
Les pays émergents non producteurs de pétrole sont les plus exposés à la hausse du prix du pétrole : leur croissance est plus consommatrice d'énergie que celle des pays développés car davantage tournée vers la production de biens manufacturés que vers la consommation.
Les pays d'Asie et d'Europe centrale sont défavorisés par rapport à ceux d'Amérique latine en cas de hausse du prix du pétrole. Pour ce qui concerne la Chine, les vrais déterminants de sa croissance sont aujourd'hui de 2 ordres principaux : redistribution des différentes composantes de la croissance, passant par une baisse du taux d'épargne et gestion du stock de dettes né des politiques monétaires trop expansionnistes en 2008 et 2009.
Les Etats-Unis sont proches de l'indépendance énergétique, mais de nombreux producteurs d'énergie de schiste ne sont pas rentables en raison de prix trop bas. Une hausse du prix mondial du pétrole renforce donc le potentiel d'indépendance énergétique américain. A contrario, les Etats-Unis ne sont pas imperméables à une moindre fortune de leurs clients du fait de la hausse du prix du pétrole. Un choc pétrolier favoriserait l'indépendance énergétique des Etats-Unis, mais défavoriserait son économie.
Ce n'est pas une bonne nouvelle, mais l'Europe bénéficie avant tout d'un desserrement de l'étreinte budgétaire ainsi que d'une politique monétaire durablement accommodante. Il en faudrait davantage, en matière de hausse du prix du pétrole, pour annihiler les autres effets positifs.
Les marchés financiers sont des mécanismes d'actualisation des flux futurs. Il faut donc que ceux-ci soient affectés durablement par une hausse du prix du pétrole pour influencer défavorablement les marchés. Une tension géopolitique provisoire n'entre pas dans la catégorie des chocs structurels. En revanche, les marchés peuvent toujours réagir de façon transitoirement émotionnelle, surtout lorsqu'ils ont déjà bien progressé.
Je crois plutôt le contraire : les politiques monétaires doivent certes lutter contre l'inflation, mais, ici, il ne s'agit que d'une déformation à la hausse des prix et non pas d'un phénomène auto-entretenu. De plus, une des leçons de la crise est que les Banques Centrales se sentent investies de la responsabilité d'éviter une rechute dépressive. Le risque principal dans le monde n'est toujours pas l'inflation, mais plutôt la déflation.
La Syrie ne produit pas de pétrole et son poids économique et démographique n'est pas celui de l'Egypte. Les incertitudes géopolitiques doivent, selon moi, être reléguées au deuxième ou au troisième plan dans l'analyse que les gérants et investisseurs font de la situation. L'essentiel reste la capacité des pays développés à sortir de l'ornière grâce à des politiques publiques plus adaptées.....en attendant que la microéconomie prenne le relais. Pendant plusieurs mois encore, j'incline à rester positif sur les actifs à risque. *Quantitative easing : politique d'assouplissement quantitatif
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