(AOF / Funds) - Pour 2010, les sociétés de gestion préconisent d'investir sur les actions. Deux raisons motivent cette recommandation. D'une part, les flux devraient être importants, notamment en provenance des investisseurs institutionnels qui sont sous-investis en actions. D'autre part, les indicateurs macroéconomiques plaident en faveur d'une hausse des cours cette année. "En 2009, la décroissance des économies a été sévère, indique Axel Laroza, gérant chez Lazard Frères Gestion. Les entreprises ont coupé net leurs investissements et ont déstocké. Les stocks sont arrivés à des niveaux historiquement bas. L'investissement a également atteint un niveau non soutenable. Ces anomalies momentanées vont devoir être corrigées". Ce changement de stratégie des entreprises aura alors un effet positif sur la croissance. Outre, le scénario macroéconomique, le niveau de valorisation des actions européennes est tel que le moment est propice à l'investissement. "Les valorisations ne reflètent pas encore le potentiel d'amélioration des économies, poursuit Axel Laroza, les analystes affichent encore des anticipations plutôt prudentes." Si les marchés actions en Europe seront orientés à la hausse, ils ne seront pas à l'abri de phases de correction ou encore d'un retournement durable de situation. Deux grandes incertitudes pèsent en effet sur le scénario macroéconomique central retenu par les marchés : la première concerne l'emploi et la seconde les taux d'intérêt. Les entreprises ayant resserré leurs coûts, elles ont réduit massivement leur masse salariale. Le chômage ne cesse de grimper dans la zone euro, il vient d'ailleurs d'atteindre le niveau symbolique des 10 %. Et la décrue ne semble pas pour l'instant s'amorcer. Or celle-ci est primordiale pour une reprise durable et franche de la croissance. Par ailleurs, la Banque centrale européenne (BCE) s'est engagée à mener une politique de bas taux d'intérêt et de crédit facile. Dans un contexte d'augmentation de l'endettement public, cette politique est potentiellement inflationniste. La BCE pourrait donc en cas de dérapage de l'inflation ou de hausse des taux d'intérêt aux Etats-Unis augmenter ses taux, un scénario qui inquiète les marchés car cette augmentation pourrait fragiliser une reprise de la croissance. Ces incertitudes conduisent les gérants, même s'ils sont positifs, à être très sélectifs dans leur choix de valeur. "En 2009, on a enregistré une grande différence entre les indices et les marchés, indique Mirela Agache, responsable de la gestion diversifiée et de la multigestion, chez Oddo Asset Management. Il existe en effet une grande dispersion entre les secteurs et au sein de chaque secteur qui rend la sélection de valeurs indispensable". Pour Lazard Frères Gestion, il faut identifier les valeurs qui disposent d'un levier opérationnel important et qui pourront bénéficier en amont du retour de la croissance. "Nous recherchons les entreprises qui ont diminué leurs coûts et qui ont ainsi augmenté leur rentabilité, indique Axel Laroza. Celles-ci pourraient tirer rapidement profit du retour de la croissance. Elles sont d'autant plus intéressantes que beaucoup d'entreprises de ce type sont encore sous-valorisées par les analyses qui n'ont pas intégré dans leurs perspectives ce potentiel de hausse." On trouvera un grand nombre de ces valeurs dans les secteurs industriels. Le thème des fusions et acquisitions est également privilégié cette année par les gérants. "La crise a fragilisé certains acteurs, les prix de marché sont encore peu élevés, et la croissance devrait rester faible dans les prochaines années, énumère Mirela Agache. Tout cela plaide en faveur d'une forte augmentation des fusions et acquisitions. Les entreprises n'auront d'autres choix que d'acheter des firmes concurrentes pour accroître leurs parts de marché". Tous les secteurs seront d'après le gérant concernés par ce mouvement. En conséquence, il alloue 20 % de son portefeuille à cette thématique. Au sein de la zone euro, la reprise de la croissance ne sera pas identique. Certains pays ont été davantage touchés par la crise et devront mener des politiques de restructuration importantes avant de retrouver le chemin de la croissance. C'est notamment le cas de l'Europe du Sud. L'Espagne, dont l'économie a été pendant des années soutenue par le secteur du bâtiment, a été touchée de plein fouet par la crise. La Grèce enregistre une explosion de sa dette. A contrario, les économies de l'Europe continentale pourront davantage profiter de la reprise. "Les grands pays comme la France ou l'Allemagne disposent d'un secteur industriel dynamique avec un grand nombre d'entreprises leaders sur leur marché", rappelle Xavier Lagrandie, gérant chez Lombard Odier. L'Europe du Nord apparaît également bien positionnée en début de cycle, affichant d'ailleurs déjà depuis 6 à 8 mois une superformance par rapport à la zone euro. "Environ deux tiers de l'indice MSCI Nordic Countries est composé de valeurs cycliques contre 39 % dans l'indice général MSCI Europe, explique Marc Olivier, responsable de Nordea Investments en France, ce qui explique la performance supérieure de ces marchés dans les phases de reprise économique". En termes de secteurs, si la Norvège dispose de ressources naturelles importantes en pétrole et en gaz, les autres économies de la zone investissent massivement dans la recherche et le développement. "Les économies du Nord disposent d'une demande intérieure limitée, indique Marc Olivier, elles doivent donc impérativement exporter et elles s'appuient pour cela sur des produits à forte valeur ajoutée, fruits de leurs investissements dans l'innovation et la R&D". Par ailleurs, investir dans la zone permet de s'exposer indirectement aux matières premières par le biais de la Norvège, et aux émergents. "En moyenne, 30 % du chiffre d'affaires des sociétés nordiques est généré par des exportations dans les économies émergentes", poursuit Marc Olivier. Ce thème intéresse d'ailleurs les gérants actions dans leur ensemble. Les entreprises européennes cherchant à développer leurs parts de marché dans les économies émergentes, investir dans un portefeuille d'actions européennes peut ainsi permettre de s'exposer à la croissance des émergents, tout en limitant le risque. "Il est plus prudent de s'exposer aux économies émergentes à travers les actions européennes qui ont l'avantage d'avoir une gouvernance plus solide et des normes comptables plus strictes", souligne Mirela Agache. Enfin, si les grandes capitalisations affichent une bonne visibilité, les petites et les moyennes pourraient davantage profiter de la reprise. "Historiquement, les phases de reprise favorisent plutôt les petites et moyennes capitalisations et les valeurs de croissance", avance Xavier Lagrandie. Mais là encore, il faut procéder à une sélection de valeurs et choisir des thèmes d'investissement. "Nous recherchons des entreprises avec des bilans solides, qui ont réussi à diminuer leurs coûts et à se restructurer, et qui sont leaders sur leur secteur, poursuit Xavier Lagrandie. Cela concerne donc typiquement les valeurs industrielles qui devraient profiter de la hausse de l'investissement dès le second semestre de cette année". Le gérant suisse est également favorable aux valeurs liées à l'énergie, à celles sensibles à la consommation cyclique (en dehors de l'automobile), et aux médias. "Même si la reprise de la publicité est assez lente, ce secteur devrait superformer en 2010", espère Xavier Lagrandie. Enfin pour les investisseurs institutionnels qui souhaitent à terme revenir vers les actions, mais sont encore hésitants, les gérants préconisent d'investir sur les valeurs de rendement. "Elles constituent une classe d'actifs délaissée par le marché, les valorisations sont peu élevées et il existe une grande visibilité sur les flux, affirme Mirela Agache. Par conséquent, on peut avantageusement les intégrer à un portefeuille défensif". Sandra Sebag
Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. La valeur de l'investissement peut varier à la hausse comme à la baisse.
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